Mon enfance en Tunisie (3)

Mardi 12 Juin 2018-00:00:00
' Chaimaa Said

La Tunisie est un beau pays; on l’appelle «la Tunisie verte», car elle est noyée dans la verdure. Du haut de notre balcon en onzième étage, nous avions une très belle vue de Tunis. Des villas blanches et bleues d’un ou de deux étages sont séparées par des arbres ou des palmiers. J’étais la seule en classe qui vivait dans un immeuble et non dans une villa. Par contre, nous avions un immense jardin devant le groupe d’immeubles dont le nôtre faisait partie.

J’ai aimé aussi les souks, où on vendait les habits traditionnels, les cages d’oiseaux en blanc et bleu et d’autres ornements comme les tableaux et les bonbonnières. Quand je suis retournée en Egypte et j’ai visité Khan El-Khalili, ça m’a rappelé le souk en Tunisie, il y habite le même esprit.

Les plages étaient merveilleuses. Je me rappelle l’une d’entre elles qui était en haut d’une montagne. Le chemin qui y menait était étroit; une seule faute, la voiture tomberait d’en haut. C’est pour cela que mon père conduisait sous tension, et nous grondait pour que nous nous taisions. 

Ma tante à Port-Saïd m’avait dit que Port-Saïd et Tunis partageaient la même mer. C’était une grande découverte pour moi et une énorme source d’étonnement. Elle m’avait dit aussi que quand je serais arrivée à la plage à Tunis, je devrais lui faire signe de la main et elle me verrait et ferait de même! Quand je suis arrivée à la plage, je me suis un peu éloignée de la place où mes parents se sont installés. Quand m’a mère m’a demandé pourquoi je me suis éloignée, j’ai répondu que je cherchais tante Hoda! Elle m’a dit que Tante Hoda est maintenant à Port-Saïd! J’ai dit qu’elle m’avait promise qu’elle me ferait signe de la main. Puis, triste, regardant le sable, j’ai dit qu’elle n’est peut-être pas allée à la plage aujourd’hui.

Durant cette période, ma mère me coupait toujours les cheveux, en prétendant que c’est que pour mes cheveux soient volumineux. Je pense maintenant que c’est parce que mes parents voulaient un garçon, même s’ils le nient catégoriquement. Une fois arrivés, encore une fois, à la plage, je me suis précipitée vers la mer. Une fille s’est approchée de moi en disant: Tu es une fille ou un garçon? J’ai crié: Tu ne vois pas mes boucles d’oreilles? Et j’ai couru vers ma mère en pleurant. Mais, il parait que la petite fille n’a pas compris mon dialecte.

 

A suivre…